J’ai longuement hésité à prendre part au mouvement #moiaussi, tout d’abord parce que j’étais plus ou moins à l’aise de partager mes expériences et ensuite parce que je me disais que ma petite voix n’allait strictement rien changer. Sauf que ce matin, j’ai pleuré. Pleuré en écoutant des témoignages de femmes qui s’étaient cachées pendant des années, qui avaient enfoui des souvenirs bien profondément dans leur tête pour tenter de les oublier. J’ai été profondément bouleversée par le courage énorme dont elles avaient fait preuve en dénonçant leurs agresseurs.
Puis j’ai entendu un homme dire »coudonc on dirait que les filles cherchent juste à attirer l’attention avec le hashtag moi aussi!! Y peut pas avoir tant de filles que ca qui ont vécues des affaires!’’. Et là, ça m’a vraiment fait rager. Parce que clairement il ne comprenait pas. Que oui des filles ayant des histoires à raconter il y en avait, et des tonnes. Que clairement personnes ne voulait attirer la pitié mais bien sensibiliser à un problème bien réel. Ce hashtag est nécessaire et utile car ce qui est merveilleux derrière ce mouvement (malgré la désolante claque dans face de réaliser le nombre de femmes qui ont vécu une forme ou une autre d’agression), c’est d’abord et avant tout ce qui se passe derrière les écrans. C’est toutes ces femmes qui lisent ces messages de solidarité. Ces filles qui viennent soudainement de réaliser qu’elles ne sont pas seules. Des tas de filles qui peuvent enfin se dire que quelqu’un les écoutera. Des tas de filles qui auront dorénavant moins peur de sentir leur propos banaliser lorsqu’elle s’exprimeront enfin. Des tas de filles qui sauront que les agresseurs peuvent être punis.
Je ne vous parlerai pas des gros noms qui ont pu être dénoncés en bonne partie grâce à ce mouvement. Je suis cependant certaine que pour plusieurs, c’est également la petite méchante grosse tape dans le dos dont elles avaient besoin pour enfin aller chercher de l’aide.
Ensuite, il y le message, le red flag, que le mouvement envoie. Un rappel nécessaire que la société en a encore beaucoup à faire en ce qui a trait au respect de la femme (ou de l’humain car oui c’est assez sexiste comme propos et je ne veux pas minimiser ce que les homme ayant véu des situations similaires peuvent ressentir)mais reste que c’est une problématique assez ciblée). Il faut se rappeler que la banalisation des actes déplacés doit être arrêtée.
Le #moiaussi c’est une grosse dose d’amour et de solidarité pour toutes ces femmes qui sont restées silencieuse face à des situations dans lesquelles elles se sont senties franchement mal à l’aise.
Le #moiaussi c’est pour la jeune fille, l’adolescente ou la femme qui peut-être comme moi:
- S’est fait suivre au retour de l’école, à 8 ans, par une bande d’hommes (oui oui des messieurs) qui lui envoyaient des becs soufflés, des sifflements et qui ont terminés avec un mime de cunnilingus. La petite fille de 8 ans, bien, elle a eu vraiment peur cette journée là.
- S’est fait interpeller dans un parc, à l’âge de 14 ans, par un monsieur vraiment trop insistant qui l’invitait à venir chez lui et qui l’a laisser seulement lorsqu’un autre homme lui a demandé si tout était correct. Comble de la classe, il s’est sauvé en criant ‘’petite pute sale’’ à la jeune ado.
- A du donner un coup de bouteille de bière à un gars saoul dans un bar pour qu’il finisse par arrêter de tenter de la plotter lorsqu’elle avait 18 ans.
- S’est faite dire des propos déplacés pendant des années par un employeur qui trouvait cela supposément correct sous prétextes qu’il était gay.
Le #moiaussi c’est également; la Emy de 15 ans qui a décidé de coucher chez un ami après un party ne s’attendant pas à ce que l’oncle de 29 ans vienne la rejoindre dans le lit et qu’il essaye par 3 fois de mettre sa main dans sa culotte. C’est la Emy qui a d’abord figé, et qui a fait semblant de dormir en serrant bien fort les jambes ensemble. Puis, qui a finalement réussi à enlever la main de cet homme de ses sous-vêtements, de le repousser 2 autres fois et qui a finit par trouver le courage de quitter la chambre. Bref, c’est un homme qui a un peu trop insisté à toucher une ado de 15 ans.
Un peu après cet événement, j’étais allée rejoindre mes amis pour leur expliquer la situation et je m’étais alors fait répondre »que c’était pas si pire… et qu’il était juste un peu trop saoul’’. Sauf que non, maintenant que je suis plus vieille, je sais que ça n’excusait aucunement son geste.
Ces phrases, on les entend parfois et c’est vraiment désolant, car ce genre d’événements ne devraient jamais être banalisés. Ces gestes qui peuvent sembler surement très anodins pour les hommes les ayant posés sont pourtant encore bien gravés dans ma mémoire malgré toutes ces années. Je ne peux donc qu’imaginer ce que peuvent ressentir les victimes d’agressions et j’en ai la nausée et la gorge serrée.
Donc pour toutes ces femmes, celles qui ont surement vécus des situations bien pire que ce que je peux vous avoir raconté, celles qui souffrent en silence, celles qui n’osent pas dénoncer, celles qui ont honte, celles qui ont peur; J’espère que vous trouverez dans ce mouvement une grosse dose d’amour, de force et de courage.
Sachez que je suis avec vous et surtout, sachez que des ressources existent pour vous aider dans ce cheminement.
La ligne ressource pour les victimes d’agressions sexuelles:
Au Québec: 1 888 933-9007
À Montréal: 514 933-9007
Site web: www.agressionssexuelles.gouv.qc.ca